Curieux objet ce "Hopeful Monster", objet de grande classe mais tellement hors mode et si dédouané de toute velléité de modernisme qu'il interpelle. "Hopeful Monster", mené par un certain Jason Ball, est un grand disque de pop en forme d'hommage à la musique des 60's à tendance orchestrale. L'album est ainsi parsemé de clins d'œil au "Odessey & Oracle" des Zombies ("Daily Electric"), au baroque de Left Banke ("Goldmine") ou au confort luxuriant de "Pet Sounds" (" Cobra Wings").
Le disque promène donc l'auditeur parmi des morceaux à l'évidence rare et orchestrés somptueusement. Assurément, vous tomberez dans le panneau de ces pop songs dont l'unique vocation est de vous décrocher un sourire niais ou de vous faire vous sentir amoureux, de celles qui vous donnent l'impression que les oiseaux chantent sur votre passage. Les instruments abondent comme pour renforcer ce sentiment d'onirisme intemporel: cordes, trompettes, pedal steel, clavecin. Le chant est raffiné et d'une rare justesse.
Pour résumer, "Hopeful Monster" est un peu le disque que Tahiti 80 rêverait d'enregistrer. La voix de Jason Ball rappelle d'ailleurs étrangement celle de Xavier Boyer. Quelques similitudes avec Sondre Lerche ou Divine Comedy sont également discernables mais c'est résolument vers les années 60 que cet album se tourne. "Hopeful Monster" donne d'ailleurs parfois plus l'envie de se replonger dans les classiques sus-nommés que d'actionner le mode "repeat", une fois ses onze chansons écoulées. C'est son unique limite. Les morceaux se bonifient, du reste, lorsqu'ils se teintent d'accents country ("Silver Lining"), se revêtent d'une couleur soul ou se dotent de claviers vintage. Quand ils se décident un peu à aller voir ailleurs, en somme.
Ce disque n'en demeure pas moins au-dessus du lot des productions pop actuelles. Ce monstre là est à suivre de très près.
Mr. Morel
popnews.com